Revue de Presse Française

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Lynchland
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Le Chaos et l'Innocence (Josué Morel / Critikat)
L'autre dimension de la série que met particulièrement bien en exergue cette scène traumatisante est le rôle semble-t-il capital qu’y jouent les enfants – et c’est une surprise, tant les enfants ont jusqu’ici occupé une place assez marginale dans le cinéma de Lynch et dans l’univers de Twin Peaks, plus centré sur des adolescents. À peine se souvient-on dans la saison 2 d’un enfant dont s’occupaient l’adjoint Andy et l’arriviste Dick, lequel garçon était d’ailleurs soupçonné par le duo d’être un diablotin responsable de la mort tragique de ses enfants. C’est que l’innocence cache toujours un double-fond dans Twin Peaks (Laura Palmer et ses nombreux secrets) ou est prise directement pour cible par les différentes incarnations du mal (Maddie, la cousine de Laura Palmer assassinée par Bob, puis Annie Blackburn, la petite amie de Dale Cooper enlevée par Windom Earle). Après tout, que racontait Fire Walk With Me, si ce n’est la dévoration d’une fille par son père incestueux ?

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Les monstres sont peut-être encore les parents dans cette nouvelle saison, comme semble l’indiquer la présence qui tambourine derrière la porte de la mystérieuse chambre où Dale Cooper se retrouve au début de l’épisode 3 et que l’occupante des lieux appelle « Mother ». En attendant d’en savoir plus sur ce versant saturnien de l’intrigue, la présence d’enfants ne manque pas d’interpeller : Sonny Jim, le fils de Dougie que Cooper regarde la larme à l’œil et avec lequel il joue, comme un enfant, en clapant des mains, mais aussi le garçon qui vit avec sa mère droguée, en face de la maison vide où Cooper est revenu dans le monde « réel » (du moins en apparence : plusieurs signes tendent à faire penser que Cooper n’a pas tout fait fini son voyage pour revenir à la réalité), et bien sûr cet enfant écrasé violemment. Que la lumière qui s’échappe de son corps soit jaune n’est guère anodin, la série rejouant dans son écriture l’organisation des couleurs de Fire Walk with Me : le rouge du chaos et du désir (le magicien que rencontre Richard Horne s’appelle d’ailleurs Red), le bleu de Bob et des forces maléfiques, le jaune de l’innocence, et le vert, témoignant de la présence insidieuse du bleu qui a déjà corrompu le jaune (la veste jaune du « vrai » Dougie laisse d’ailleurs place à celle, verte, que revêt Cooper/Dougie). Peut-être tient-on là, à nouveau, le sujet de Twin Peaks : une lutte pour préserver l’innocence et l’arracher au mal qui menace de l’engloutir.
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Roland K. / Lynchland
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