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Revue de Presse Française

Posted: 08 September 2017, 20:28
by Lynchland
« Twin Peaks », l’insupportable retour (Renaud Machart / Le Monde)
« La vie est une longue préparation à quelque chose qui ne se produit jamais. » La maxime du poète irlandais William Butler Yeats semble convenir on ne peut mieux à la troisième saison de Twin Peaks, de David Lynch. [...]

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Rarement a-t-on autant attendu qu’il se passe quelque chose dans l’épisode suivant alors que, pourtant, rien ne s’y passe jamais ; rarement a-t-on à ce point eu l’impression de regarder une série par pur devoir professionnel ; rarement a-t-on été autant frappé par la discrépance entre la promesse d’un chef-d’œuvre et ce qu’il en a résulté.

Re: Revue de Presse Française

Posted: 14 September 2017, 14:37
by Lynchland
La Modification (Vincent Ostria / Les Inrockuptibles)
“David nous a eus ! D’une part, il a bouclé la série en revenant aux prémices de la première saison, à l’événement fondateur, la mort de Laura Palmer. D’autre part, il est revenu aux premières heures de la saison 3. Le principe de la série en général, et de l’épisode 17 en particulier, est lié aux effets spéciaux, au fantastique. Reprenant ses idées de métamorphose, de projection corporelle, ou de “fugue psychogénique”, d’abord apparues dans son film Lost Highway, Lynch remet les choses à plat, répare, efface, modifie. Le cinéma devient un palimpseste infini.

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Plus concrètement, l’épisode 17 poursuit le travail d’élagage des différentes ramifications, mais aussi de nettoyage des doubles maléfiques, alias tulpas, pour employer une terminologie tibétaine apparue il y a quelques épisodes. Notamment la figure épineuse de Evil Coop ou Mr. C., qui est résolue ici avec perte et fracas et toutes sortes d’effets sauvages, montrant un cinéaste au sommet de l’expérimentation formelle, dans la continuité des jeux noirs et abstraits de Inland Empire.”

Re: Revue de Presse Française

Posted: 24 September 2017, 11:15
by Lynchland
Twin Peaks : Une expérience exigeante et exaltante (Luc Magoutier / La Croix)
Il n’y a ainsi pas de conclusion, juste le début d’un nouveau cycle dans un monde où Laura Palmer n’a peut-être jamais existé. L’histoire propose bien une continuité par rapport à son arrêt en 1991. Néanmoins, il fallait être un excellent spécialiste de la série pour la comprendre et être tenté de la suivre.

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C’est le principal reproche, mais il est de taille, que l’on peut adresser à David Lynch. 26 ans après, il révolutionne encore le genre de la série télévisée mais cette fois-ci en petit comité, contrairement aux années 1990 où son génie se partageait avec le plus grand nombre. Résultat, moins de 300 000 personnes en moyenne ont suivi le « show » outre-Atlantique.

Re: Revue de Presse Française

Posted: 01 October 2017, 13:18
by Lynchland
Un éprouvant et émouvant voyage (Pierre Langlais / Télérama)
« What the fuck just happened ? » Planté au milieu d’un café aux faux airs de saloon, un cowboy fraîchement assommé tente de reprendre ses esprits. Cette image comique, aperçue dans l’ultime épisode de Twin Peaks : The Return, résume bien notre sentiment : que vient-il de se passer ? Quelle est cette chose en dix-huit épisodes que l’on vient de regarder, médusé ? Vingt-six ans après l’annulation de sa série culte, qu’est-ce que David Lynch a voulu nous dire ? Il faudrait revoir plusieurs fois chacune des scènes de cette ahurissante saison, décrypter chaque réplique, écrire une thèse en dix tomes, pour commencer à en saisir les contours. On se demandait si ce retour ressemblerait à l’original, s’il nous toucherait, s’il nous surprendrait. Pour le meilleur et pour le pire, Lynch a fait preuve d’un jusqu’au-boutisme impressionnant dans ses partis pris narratifs et esthétiques. Et nous laisse bras ballants, noyés sous un torrent d’interrogations et de sentiments contradictoires. [...]

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Twin Peaks : The Return, n’a rien d’une conclusion. Elle se referme à nouveau sur une foule de questions, et nous abandonne dans un monde où Laura Palmer n’a peut-être jamais existé. Il faudra du temps pour retrouver nos esprits. Pour enfin assembler le puzzle proposé par Lynch – auquel il manque encore de nombreuses pièces. Les faibles audiences de ces dix-huit épisodes n’assurent aucunement une suite. Vingt-cinq ans de réflexion devraient suffire…

Re: Revue de Presse Française

Posted: 11 October 2017, 15:03
by Lynchland
La Main du Temps (Guillaume Orignac / Chronic'art)
Twin Peaks est devenu un tombeau, et ses vers sont un palimpseste d’images puisées dans 37 épisodes télévisuels et un long-métrage cinématographique. A travers ce dernier acte, tous les morts sont revenus à l’image, sous forme de greffon astral prélevé dans le négatif de l’oeuvre passée (Bob, le major Briggs) ou de théière géante (Bowie), dans un geste aussi déférent qu’amusé. Il y eut, même, aussi, un dernier salut comme celui de Catherine E. Coulson, qui joua ici ses adieux quelques jours avant de mourir.

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Lestée de tant de morts, cette nouvelle saison pouvait se consumer en un geste troublant et funèbre. Mais la douceur du regard de Lynch a su transformer ce chant rigide en oraison bienveillante : Twin Peaks : the return est le murmure d’un homme vieillissant à l’attention de tous ceux qui ont habité son œuvre, posé devant la mort comme un artiste devant son chevalet. Il y a peint le rappel des amis, sans étouffer l’émerveillement de son regard sur l’existence ordinaire des êtres. Œuvre de mort et de célébration joyeuse, cette troisième saison a vu le réalisateur filmer les scènes les plus terrifiantes et les plus douces, mais aussi les plus absurdement drôles et joyeuses de son cinéma.

Re: Revue de Presse Française

Posted: 18 October 2017, 14:32
by Lynchland
Le Retour des Images (Théo Charrière / Critikat)
Avec ces images qui reviennent, chaque figure se trouve confrontée, à un moment ou à un autre, à une fissuration de la pleine identité à soi, qui précisément caractérisait la métaphysique de la présence – ainsi d’Audrey Horne, hurlant devant son reflet, ou de Dale Cooper, dont l’épisode final déroule tour à tour les différents avatars explorés jusqu’alors. Si Lynch a toujours filmé frontalement les effets de ses images [...] , c’est la première fois qu’il les mène à ce point vers un lieu problématique, déjà parce que tout l’objet (forcément perdu d’avance, parce qu’une image ne se retrouve pas plus qu’elle se modifie) de la saison était de retrouver une image (celle de la série, de ses personnages, de ses couleurs).

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Toutes ces figures se retrouvent alors dans une modalité particulière de la présence où tout résonne comme le mystérieux son de la chambre 315, c’est-à-dire où tout s’accompagne certes de son double, mais également de sa trace (celle de ce que l’on venait chercher) et de son effet (soit la transformation en image de ce qu’on pensait illusoirement purement présent). Splendide traversée des limbes.